MERCADER Henry [écrit parfois "Henri"]

 

Né le 19 novembre 1920 au Boulou (Pyrénées-Orientales), mort le 11 janvier 1993 à Montpellier (Hérault) ; maître d’éducation physique à Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales) puis à Perpignan (Pyrénées-Orientales) détaché à la direction départementale de la Jeunesse et des Sports ; vigneron à Fourques ; résistant (Libération Sud) ; maire de Fourques (Pyrénées-Orientales) d’août 1944 à mai 1945 ; conseiller municipal de Perpignan (1953-1959) ; adhérent de la SFIO puis du PS.

 

Henry Mercader était le fils de Félix Mercader* et de Marie-Thérèse Bernet native de Fourques. Si Henry Mercader, naquit le 19 novembre 1920 au Boulou (Pyrénées-Orientales) ce fut un peu par hasard. En effet ses parents se trouvaient alors en villégiature dans cette station thermale. Henry Mercader passa son enfance et son adolescence à Perpignan. Il fut élève de l’école primaire supérieure de Perpignan devenue ensuite collège moderne. il y fit des études d’Arts et Métiers, se consacrant de 1934 à 1938, à la préparation de la profession d’architecte. Il suivait, pendant la même période, des cours du soir pour la préparation au brevet de pilote civil d’avion qu’il obtint en 1939. Il s’engagea volontairement pour la durée de la guerre le 28 janvier 1940. Affecté à l’école de pilotage de la base aérienne de Nîmes (Gard), il obtint son brevet de pilote militaire le 29 janvier 1940 après avoir réussi un examen de culture générale et technique équivalent du brevet supérieur. Se trouvant après l’armistice à la 7e école aérienne de Nouvion (département d’Oran, Algérie), il demanda, étant donné l’arrêt des hostilités, à résilier son contrat d’engagement volontaire. Mais ses supérieurs le retenaient contre son gré sous les drapeaux en Algérie. Son père fit jouer ses relations (lettre au sénateur modéré, non inscrit, de la Marne, Jean Jacquy, le 27 août 1940 ; lettre de Louis Noguères*, député (13 août 1940) —dont pourtant la disgrâce était consommée après son vote le 10 juillet— au général de l’Air Bourcat commandant les forces aériennes en Algérie en faveur du fils Mercader) et finit par obtenir gain de cause. Affecté à Blida (Algérie) en septembre 1940, il termina son séjour sous les drapeaux avec le grade de sergent.

De retour à la vie civile, il s’installa à Fourques, le village de sa mère, dès octobre 1940, et y demeura jusqu’à la fin septembre 1944. Il prit la direction des propriétés familiales, un vignoble hérité de sa mère. Devenu enseignant, il continua à superviser la gestion de ce domaine et la poursuivit après avoir pris sa retraite. Pendant son séjour à Fourques, il présida le club Fourques sportif et fut son moniteur d’éducation physique. Il se maria à la Cabanasse (Pyrénées-Orientales) le 7 juin 1941 avec Yvette, Andrée Bousquet, fille d’un facteur des PTT. Ils eurent quatre enfants : Geneviève, épouse Gras, née à Fourques le 8 avril 1942, secrétaire de direction à la Chambre de commerce et d’industrie, détachée à l’aéroport de Perpignan puis enseignante d’escrime dans la région parisienne puis à Perpignan —maître d’armes d’escrime au foyer Léo-Lagrange" de Perpignan et à Escrime 66 club d’Argelès-sur-Mer— , retraitée à Fourques ; Jacques, né à Fourques le 7 juin 1943, professeur de maçonnerie au collège d’enseignement technique (puis lycée d’enseignement professionnel Alfred-Sauvy) de La Grange (commune de Villelongue-dels-Monts, Pyrénées-Orientales) : Claude, épouse Albert, née à Vernet-les-Bains le 22 février 1948, professeure agrégée d’éducation physique et sportive à Montpellier (Hérault), retraitée à Collioure (Pyrénées-Orientales) ; Pierre, née le 8 octobre 1956, professeur de sports, détaché à la direction de la Jeunesse et des Sports à la Réunion.

Très sportif, Henry Mercader, titulaire d’un brevet de pilote, pratiqua divers sports : la natation (il fut un nageur de fond des enfants de Neptune de Perpignan) ; le basket (dans le cadre de ses activités professionnelles, il créa des infrastructures et des clubs dans nombre de villages des Pyrénées-Orientales ; il fut entraîneur de l’équipe féminine de basket de Perpignan qu’il conduisit au championnat de France de deuxième division). Ce goût pour les sports décida de sa carrière professionnelle. Moniteur d’éducation physique en octobre 1944 au nouveau au centre d’apprentissage Pierre-Cartelet de Vernet-les-Bains, il fut nommé moniteur délégué à compter du 1er janvier 1945. Il fut ensuite mobilisé le 14 avril 1945 à Strasbourg (Bas-Rhin) où il fut moniteur de sports au GDCA 550. Démobilisé le 30 septembre 1945, il regagna le centre d’apprentissage de Vernet-les-Bains où il avait été nommé moniteur délégué à compter du 1er octobre. Il fut ensuite titularisé sur ce même poste en qualité de maître d’éducation physique et sportive. Il l’occupait encore pendant l’année scolaire 1948-1949. Il fut ensuite détaché à la direction de la Jeunesse et des Sports à Perpignan et occupa ce poste jusqu’à sa retraite en 1980. Il se déplaçait souvent dans les communes rurales du département afin de développer des activités sportives (rugby, basket), des centres de loisirs. Parallèlement, il était aussi administrateur du foyer Léo-Lagrange de Perpignan (Voir Jésus-Prêt Robert).

Henry Mercader participa à la Résistance dans les rangs de Combat dès 1942 puis de Libération Sud à partir de janvier 1943. Il participa à la distribution de tracts et de journaux (Libération) entreposés et répartis par les soins de Joseph Rous [de Puyvalador] et Marcel Bruzy, cadres de Libération-Sud. Parallèlement, il était un agent d’un réseau qui assurait le passage d’aviateurs alliés abattus au dessus du territoire français et qui cherchaient à gagner l’Espagne et, de là, le Royaume Uni. Depuis Perpignan, il les acheminait vers la frontière espagnole, via Fourques et Céret. En mars 1943, il intégra l’AS et devint chef de trentaine dans le secteur des Aspres autour de Fourques et de Thuir. Le 19 août 1944, il participa aux combats de la Libération de Perpignan et assura le transport de blessés. Il accéda au grade d’adjudant des FFI le 3 septembre 1944. Le CDL le désigna comme maire de Fourques, le village de sa mère auquel il demeura toujours très attaché. Son père, désigné comme maire de Perpignan, vint l’installer, délégué par le CDL, dans ses fonctions de maire de Fourques (20 août 1944). Il les exerça de la Libération (19 août 1944) jusqu’aux élections d’avril-mai 1945. Mais résidant à Vernet-les-Bains pour des raisons professionnelles et ayant peu de goût pour l’action politique et l’administration communale, il renonça à briguer un nouveau mandat.

Il fut adhérent de la SFIO (sections de Vernet-les-Bains puis de Perpignan) puis du PS. Il conserva toujours ses idées de gauche. Il fut, pendant un mandat, conseiller municipal de Perpignan, dans une municipalité présidée par Félix Depardon* (1953-1959) : sollicité par ce dernier, il fut candidat, le 26 avril 1953, sur la liste de la SFIO. Celle-ci conquit neuf sièges. Henry Mercader arriva en septième position avec 5782 voix, davantage que la moyenne de la liste socialiste (5722 voix). Après son élection il ne participa guère aux activités du conseil municipal. Mercader n’appréciait guère Paul Alduy, devenu maire de Perpignan en 1959 et s’éloigna de la SFIO. Attiré par le PSU, il envisagea un moment d’adhérer à ce parti. Il fut fidèle jusqu’à sa mort aux Jeunesses laïques et républicaines de Perpignan (fondées en 1934) que son père avait soutenues dans les années 1930 et dont l’activité fut étroitement liée à "La Mauresque "de Port-Vendres. Il participa aux activités de la Fédération des œuvres laïques. Après la mort de son père et jusqu’à sa mort, il présida le conseil d’administration et le conseil d’entreprise de l’institut médico-éducatif de la Mauresque à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales). Il fut aussi président de centre d’aide par le travail "La Roselière" d’Elne (Pyrénées-Orientales), président des Oeuvres de plein air au soleil roussillonnais, vice-président de la Fédération de plein-air des Jeunesse laïques et républicaines.

Jeune, au lendemain de la seconde guerre mondiale, Henry Mercader fut initié à la franc-maçonnerie. Il s’affilia à la loge perpignanaise La République du Grand Orient de France. Ses filles Geneviève et Claude ont assuré qu’il n’était pas resté très longtemps franc-maçon. Témoigne de ce fait la carte délivrée par la loge La République : ne comptant aucune date —mais la photographie du titulaire, permet la dater des années immédiatement postérieures à la Libération— ce document, prévu pour trois ans, montre qu’Henry Mercader n’a cotisé au Grand Orient que pour un seul trimestre.

À la retraite, il s’établit définitivement à Fourques où il fut un temps président puis président d’honneur du foyer rural. Atteint d’un cancer, il mourut à Montpellier le 11 janvier 1993 à la clinique Saint-Roch où il était soigné. Ses obsèques civiles eurent lieu à Fourques le 14 janvier 1993. Le maire de Fourques, Maurice Peytavi, prononça un éloge soutenu, soulignant son engagement social bénévole, en particulier auprès des jeunes, son profond attachement à la viticulture et son amour de la nature, plus particulièrement pour les arbres.

 

SOURCES : Arch. com. Fourques, état civil, transcription de l’acte de décès d’Henry Mercader, 11 janvier 1993 ; 1 D 15 à 21 (1953 à 1959), registre des délibérations du conseil municipal. — Arch. com. du Boulou, état civil, acte de naissance d’Henry Mercader et mention marginale. — Arch. privées Mercader (Geneviève Gras & Claude Albert-Mercader), documents divers concernant la carrière et les activités d’Henry Mercader.

—Arch. privées de Francine Cazes, née Montagut, intégrant celles de François Montagut*, Montauriol (Pyrénées-Orientales). — L’Indépendant, 28 avril 1953 ; 14, 16, 20 janvier 1993. — Conversation avec Jean-Luc Pujol, maire de Fourques, Fourques, 10 mai 2013. — Entretien téléphonique avec Geneviève Gras, domiciliée à Fourques, fille d’Henry Mercader, 24 mai 2013. — Entretien avec Geneviève Gras et Claude Albert-Mercader, illes d’Henry Mercader (Fourques, 30 mai 2013).

 

André BALENT